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Bienvenue sur mon blog professionnel !

Celui-ci est dédié à ce que j'appelle l'Art et la Science du Leadership. La Science du Leadership, ce sont les travaux de recherche menés depuis près d'un siècle sur les leaders et le leadership. C'est le Leadership saisi par la raison logique et la méthode scientifique. L'Art du Leadership, c'est la perception et la pratique du leadership au quotidien, celles de ceux qui agissent en leader ou s'engagent à leurs côtés. C'est le leadership saisi par la raison sensible, l'expérience et l'émotion. L'un ne va pas sans l'autre, chacun nourrit notre réflexion et notre pratique du leadership. Vous trouverez ici mes projets, productions, collaborations, réflexions et recommandations sur l'art et la science du Leadership et les équipes dirigeantes.

mardi 17 décembre 2013

Deux femmes à l'honneur: Sophie Bellon et Véronique Laury

Il y a tout juste un an, j'avais le plaisir d'accueillir Véronique LAURY (Directrice Générale de Castorama) et Sophie BELLON (Directrice de l'innovation de SODEXO) pour clore le séminaire de leadership des étudiants de Master 2 de l'EDHEC.
Toutes deux étaient venues témoigner de leurs expériences en matière de leadership dans ce contexte bien particulier qu'est la direction d'entreprise.
Et, toutes deux ont été mises récemment à l'honneur démontrant, s'il en était encore besoin, l'étendue de leur leadership:


Sophie Bellon sera la prochaine Présidente du groupe SODEXO: c'est ce qu'à décidé il y a quelques semaines le conseil d'administration du groupe français qui emploie plus de 450 000 personnes à travers le monde























Véronique LAURY  a reçu le trophée de la personnalité de l'année remis par LSA, catégorie Grande distribution non alimentaire.




Parution du premier N° de Leadership & the Humanities


Le voila enfin, le premier numéro de la revue Leadership & The Humanities, revue que j'ai eu l'honneur de cofonder avec mes collègues il y a quelques mois

Son objectif : soutenir les recherches pluridisciplinaires du leadership ainsi que les contributions issues d'autres disciplines que les sciences sociales telles que l'histoire, la philosophie, l'éthique, le droit, les sciences politiques, la religion ou les arts. 

Pour découvrir le sommaire du N°1, cliquez  ICI

La première réunion du comité éditorial s'est déroulée ce dimanche, à Rome, où nous étions réunis dans le cadre de la XXIIéme l'International Studying Leadership  Conference.

jeudi 5 décembre 2013

Le Prix du leadership pour mon dernier livre




Ce mardi, j'avais le plaisir de recevoir le Prix du Leadership, catégorie Développement du Leadership, pour mon dernier livre intitulé: "Leadership : l'art et la science de la direction d'entreprise", paru chez Pearson en juillet 2013


Ce prix, remis par un Jury présidé par Roland Reitter (HEC) et l'association Leaderinnov, récompensait le livre de leadership le plus utile au développement du leadership: une belle récompense pour moi qui souhaitais justement faire de cette ouvrage, non seulement une contribution sérieuse s'appuyant sur les développements récents de la recherche, mais aussi une ressource utile pour les managers et dirigeants qui souhaitent développer leur leadership.




vendredi 29 novembre 2013

Recruter les leaders de demain: l'enjeu de la diversité



Le 28 novembre dernier, l'EDHEC organisait à Paris un événement spécial consacré à la diversité: Recruter les leaders de demain: l'enjeu de la diversité. Animée par Emmanuel Delamarre, Responsable Marketing Entreprises et Carrières à l'EDHEC et avec la participation de Jean-Michel Monnot, Directeur de la Diversité pour SODEXO Europe et Armelle Sciberras, Responsable de la diversité du Groupe Crédit Agricole, cette conférence-table ronde a permis d'aborder la diversité sous un angle différent: celui du recrutement et du développement des compétences de leadership 

Une nouvelle façon d'aborder la diversité

En introduction de la table ronde, je suis ainsi revenue sur un point qui me tient particulièrement à cœur: le rôle des stéréotypes du leader et du leadership dans la promotion de la diversité dans l'entreprise, notamment dans les postes à responsabilités. On considère rarement le leadership du point de vue de la diversité et inversement. Nous aurions pourtant intérêt à le faire: c'est ce que j'ai essayé de démontrer...


Paradoxe

Voici le paradoxe: il existe un gouffre entre ce que j'appellerais le leadership effectif (les raisons et les modalités selon lesquelles les individus se laissent entraîner par leurs managers) et nos représentations du leadership (ce que nous pensons être les raisons et les modalités selon lesquelles les individus se laissent entraîner par leurs managers). Le problème est que bien souvent nous refusons l'évidence et les faits (les équipes attendent d'abord de la considération de la part de leur manager) et nous laissons aveugler par la croyance (les équipes attendent d'abord un sauveur charismatique). 
Et quand nous recrutons ou évaluons spontanément une personne, ce sont les croyances et non les faits qui prévalent. Les conséquences sont notamment la réduction drastique de la diversité des leaders de l'entreprise...

Agir

Mais alors que faire ? D'abord mettre à jour notre culture et nos stéréotypes du leadership pour les discuter en toute transparence et faire le tri. Ensuite, bâtir des référentiels de leadership plus ouverts et plus efficaces afin de développer des outils et des processus de recrutement et d'évaluation qui nous aident à repérer des talents de leadership qui jusqu'ici échappaient à notre champs visuel...
Agir, c'est que font certaines entreprises, telles que SODEXO et Crédit Agricole: toutes deux sont investis dans un vaste projet de recherche que nous menons actuellement et qui explore les relations entre leadership, diversité, mixité et performance des équipes...

Voir les initiatives du groupe SODEXO sur la diversité, un modèle du genre : http://fr.sodexo.com/frfr/nos-engagements/diversite-inclusion/default.aspx

mercredi 13 novembre 2013

Colloque sur l'enseignement du leadership














Le 13 novembre dernier, j'avais le plaisir de participer aux colloque organisé par l'association Leaderinnov sur le thème "Aux sources du leadership: Nouveaux regards sur les sources psychanalytiques et les sources éducatives du leadership ?"


Mon intervention aux côté de Flora BELOT, directrice de WI SCHOOL – Montessori Bilingual School, de Daniel BELET, Professeur à l'ESC La Rochelle et Jean-Pierre OBIN, Inspecteur général honoraire de l’Education nationale portait sur l'enseignement du leadership dans l'enseignement supérieur

Enseigner le Leadership

J'ai d'abord partagé mon expérience à la tête de la Chaire de Leadership et Compétences managériales que j'ai développé puis dirigé à l'EDHEC entre 2003 et 2009: A l'époque, nous étions les premiers en France à faire le pari que le Leadership peut s'apprendre, y compris avec des étudiants disposant d'une maturité et d'une expérience managériale nécessairement limitée !

j'ai ensuite choisi de traiter deux points qui me paraissent particulièrement important pour tout porteur d'un projet sur l’apprentissage ou le développement du leadership, dans l'enseignement supérieur mais aussi en entreprise:

Légitimer une démarche sur le leadership

  • Premièrement, le travail de légitimation qu'il faut accomplir auprès des différentes parties-prenantes: le leadership est un thème qui en dépit de son importance, suscite des réactions encore très défensives (moquerie, mépris: "c'est pipeau", "c'est irrationnel") qu'il faut savoir gérer...

Questionner ses a priori
  • Deuxièmement, l'importance de questionner nos représentations implicites du leadership: d'où viennent-elles? quelles sont leurs effets? aujourd'hui, la façon dont nous définissons le leader et le leadership est quoique l'n en dise extrêmement restreinte au regard de la diversité des leaders et leadership possibles: que faire de ces stéréotypes quand nous concevons une formation ou un cours de leadership ?


Pour voir le programme et le compte-rendu du colloque: 
http://www.leaderinnov.fr/#/colloque-novembre-2013/4243204

lundi 23 septembre 2013

Conférence EBEN à Lille


Avec Patricia Werhane (DePaul U.) et Joanne Ciulla (Richmond U.) à la conférence annuelle d'EBEN European Business Ethics Network) le 14 septembre dernier à Lille.

Nous animions ensemble un panel d'une journée consacré à l'éthique du leadership. 
Au programme deux sessions: l'une consacrée au leadership éthique et à l'éthique du leadership, l'autre dédiée à l'éthique et la légitimité managériale.

J'y présentai pour ma part un projet d'article consacré aux excuses formulées par les dirigeants et leur utilisation à des fins de légitimation du pouvoir.

jeudi 29 août 2013

10 bonnes raisons de lire le livre de Sheryl Sandberg

Il est écrit dans un style vivant, direct, souvent drôle

Si vous êtes paresseux, vous pouvez en comprendre le message principal en visionnant la vidéo de TED qui constitua le point de départ de l’ouvrage en 2010

Vous pouvez l’offrir à vos amis, à votre chef, à votre mère, à votre fille, à votre professeur de management.

Il fourmille de références scientifiques sérieuses ce qui est rare s’agissant d’un livre rédigé par un dirigeant

Son auteur manie l’autodérision et fait montre d'une franchise rafraîchissante dans cet exercice convenu qu’est la présentation de soi en leader du dirigeant.

Il est plein d’anecdotes savoureuses (sur le recrutement, sur la négociation salariale, sur l’école, sur la grossesse, sur la compétition pour le pouvoir, sur les hommes, sur les femmes, sur les mères, sur les pères, sur les places de parking pour femmes enceintes, sur Mark Zuckerberg, sur Google, sur la culture du présentéisme, sur l’estime de soi…)

C’est un livre de leadership destiné aux femmes (et pas un livre sur le leadership féminin) et aux hommes (et pas un livre sur le leadership masculin)

Il fait / relance le débat sur le féminisme et l’égalité H/F au travail

Il ne dit rien de réellement nouveau et pourtant il est réellement transformationnel

Il est traduit en français et en vente libre

Sheryl Sandberg, En avant toutes!, JC Lattes, 2013.

mercredi 31 juillet 2013

Mon livre sur le leadership vient de paraître !

Dans cet ouvrage paru en juillet dernier je présente une synthèse de mes recherche, enseignements et interventions sur le thème du leadership stratégique, i.e. le leadership dans le contexte particulier de la direction d'entreprise


Le pari que je me suis fixé: parler à la fois aux académiques en présentant une synthèse des dernières théories et résultats scientifiques sur ce thème, et aux managers en proposant des cas, des exercices et des recommandations pour renforcer leur pouvoir, cultiver leur légitimité et développer leur leadership personnel

C'est pourquoi le livre est sous titré: l'art et la science de le direction d'entreprise



Voici quelques extraits de l'introduction....

Apple survivra-t-elle à la mort de Steve Jobs, son fondateur visionnaire ? Le grand public connaîtrait-il Oracle sans la personnalité à la fois charismatique et narcissique de Larry Ellison ? Quels seraient aujourd’hui le métier et l’envergure de la Compagnie générale des eaux si elle n’avait pas croisé l’ambition démesurée d’un Jean-Marie Messier ? Enron, Lehman Brothers, Bear Stearns auraient-elles échappé à la faillite sans l’hubris de leurs dirigeants ? The Body Shop et la FNAC ont-elles perdu leurs âmes le jour où Anita Roddick et André Essel, ces deux entrepreneurs charismatiques et militants, décidèrent de vendre l’entreprise ?

Le leadership du dirigeant et la réussite de l’entreprise

Diriger une entreprise, à l’évidence, n’est pas qu’une affaire de stratégie, d’organisation, de flux, de ratios, de processus ou encore de règles et de codes. C’est aussi et surtout une activité proprement humaine. Elle se nourrit de la personnalité, des représentations et des comportements de ceux qui lui donnent vie et la font avancer, au premier rang desquels ceux que nous désignons sous le terme « dirigeants d’entreprise  ». Nous le savons bien, nous qui sommes si prompts à extrapoler sur la personnalité de ceux qui nous dirigent. Mais au prix de combien de simplifications et de jugements à l’emporte-pièce, souvent très éloignés de ce que vivent effectivement les dirigeants d’entreprise ou de ce que mesurent précisément les chercheurs en management ou en psychologie qui les étudient ? Il faut bien l’avouer, nos connaissances et nos analyses ne sont pas toujours à la hauteur de notre fascination et de l’importance du « facteur dirigeant » dans le devenir de l’entreprise…
Dans cet ouvrage, vous appréhenderez ce que laissent habituellement de côté les contributions académiques sur la stratégie ou la gouvernance d’entreprise, à savoir l’exploration scientifique et pratique des comportements observables au sommet de l’entreprise. Nous nous focaliserons en particulier sur les comportements d’influence, c’est-à-dire de leadership de la figure principale du pouvoir dans l’entreprise : le dirigeant. Vous trouverez ici une contribution sérieuse et originale sur le leadership personnel, le pouvoir et la légitimité des dirigeants d’entreprise français. Cette contribution, nourrie de travaux de recherche récents et de cas pratiques, ira parfois à rebours du sens commun et du récit médiatique habituels, mais elle vous permettra de mieux comprendre et de vivre les dimensions humaine et politique de la direction d’entreprise et au-delà, de la condition de dirigeant.
Quelques précisions terminologiques s’imposent, avant de poursuivre : par leadership personnel nous entendrons ici la capacité d’un individu (le leader) à influencer un groupe d’individus afin d’atteindre un objectif ou un but commun. Dans ce cas précis, l’individu est le dirigeant, et le groupe d’individus l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. Du point de vue du dirigeant, le leadership est à la fois l’un des rôles qu’il doit jouer dans le cadre de sa fonction (il est celui qui incarne l’autorité et influence les parties prenantes externes et internes pour permettre à l’entreprise de réussir) et une qualité ou une capacité dont il doit faire montre dans d’autres rôles clés où la dimension interpersonnelle prévaut (décider, engager la transformation, résoudre les crises et les conflits, etc.). Cette qualité ou capacité dépend de la personnalité du dirigeant et s’exprime à travers ses comportements et décisions quotidiens. Mais, elle dépend également des ressources dont il dispose pour agir et qui conditionnent l’exercice et le développement du leadership. Par pouvoir, nous désignerons l’ensemble des ressources matérielles et symboliques dont dispose un individu pour agir au quotidien. Dans cette perspective, le pouvoir apparaît comme une ressource stratégique pour l’exercice du leadership : nécessaire au plus haut niveau, elle n’est cependant pas suffisante pour entraîner effectivement l’adhésion et la confiance des parties prenantes, en particulier si la nature et l’exercice du pouvoir ne sont pas reconnus comme légitimes. Par légitimité, nous désignerons ici la reconnaissance par les parties prenantes du droit du dirigeant à gouverner l’entreprise. Cette reconnaissance est morale dans la mesure où elle dépend de la validation par chaque partie prenante de l’exemplarité du dirigeant au regard du référentiel de normes et de valeurs que ceux-ci associent à la direction d’entreprise et ses figures majeures.
Les problématiques du leadership, du pouvoir et de la légitimité du dirigeant constituent ainsi le cœur du leadership stratégique. Un pouvoir suffisant et reconnu comme légitime est une condition nécessaire à l’exercice du leadership personnel : sans pouvoir d’action, sans légitimité, le dirigeant ne pourra pas exprimer son leadership efficacement.

Le leadership stratégique

Le leadership personnel se déploie à tous les niveaux de l’entreprise, mais, dans cet ouvrage, je vous propose de découvrir celui-ci dans un contexte particulier, celui de la direction d’entreprise. Dans les pages qui suivent, nous parlerons ainsi de leadership stratégique pour désigner l’ensemble des connaissances et des pratiques relatives à l’exercice du leadership à un niveau stratégique de l’entreprise (comités de direction). Le leadership stratégique est abordé ici à la fois comme un champ de recherches scientifiques (visant la compréhension des caractéristiques des dirigeants d’entreprise et leurs effets sur la réussite de l’entreprise) et un aspect de la pratique managériale (l’exercice au quotidien du leadership par les dirigeants d’entreprise). Ces connaissances et ces pratiques en matière de leadership stratégique intéresseront dès lors aussi bien les académiques et les étudiants souhaitant approfondir leur connaissance du management stratégique et de la direction d’entreprise que les dirigeants d’entreprise eux-mêmes et ceux qui les conseillent ou les forment au leadership et à l’exercice du pouvoir.

L’art et la science du leadership stratégique

Au fil des pages, nous garderons à l’esprit ces deux dimensions en explorant ce que nous appellerons l’art et la science du leadership stratégique. La science du leadership stratégique désigne la compréhension intellectuelle du leadership, un exercice de réflexion et de conceptualisation nourri par les travaux scientifiques issus de la recherche en sciences de gestion et en psychologie sociale. Ces travaux étudient rigoureusement, et depuis près de 100 ans, l’exercice du pouvoir de direction dans les organisations. L’art du leadership stratégique, désigne, quant à lui, la pratique managériale du leadership à un échelon stratégique de l’entreprise, un exercice parfois virtuose de compétence et d’expérience, nourri de l’exemple de ceux et celles qui ont eux-mêmes dirigé et qui nous inspirent au quotidien.
Cet ouvrage se propose ainsi d’explorer et de faire dialoguer l’art et la science du leadership stratégique au fil d’un cheminement en trois temps : un premier temps est consacré à l’analyse des conditions objectives du leadership stratégique (bâtir son pouvoir pour diriger efficacement), un deuxième temps à celui de ses conditions morales (cultiver sa légitimité pour diriger avec exemplarité) et un troisième temps à la compréhension de l’exercice et du développement du leadership personnel du dirigeant (développer son leadership pour diriger en personne). Ces trois parties explorent successivement trois problématiques : celle du pouvoir, celle de la légitimité et celle du leadership. Elles sont composées chacune de deux chapitres : « la science de… » qui propose un état de la science à travers la définition des concepts, une sélection de modèles théoriques utiles, des résultats empiriques récents et l’approfondissement d’une notion clé, et « l’art de… », qui offre une exploration de la pratique managériale à travers des études de cas, des discussions, des exercices d’autoévaluation et des recommandations pratiques.
Les concepts, les théories et les pratiques proposés dans cet ouvrage sont principalement issus de deux champs de recherche contemporains : le management stratégique, inhérent aux sciences de gestion, et les leadership studies, issus de la psychologie sociale et des sciences politiques. S’y ajoutent des références empruntées à la psychologie positive, ce nouveau courant de la psychologie scientifique.
Ajoutons que cet ouvrage fait le choix de mettre en avant des cas et des résultats de recherches portant sur des acteurs et des contextes français et européens, ce qui résulte d’un constat : l’absence de données sur le contexte français dans un champ de connaissances et de pratiques où la majorité des idées et des exemples sont nord-américains. Or, ceux-ci ne sont pas toujours comparables et encore moins transférables à l’entreprise française ou européenne, loin de là. Il s’agissait donc d’apporter un peu de diversité à des ouvrages de management sur le leadership.

L’exercice du leadership stratégique

Le cheminement que nous vous proposons ici ne pose pas ses pas uniquement dans ceux de la science, mais également dans ceux des humanités et s’inscrit dans une tradition philosophique particulière.
En faisant la distinction entre l’art et la science du leadership, nous renvoyons l’écho d’une autre distinction, dans le champ de la philosophie cette fois et que rappelle Pierre Hadot, grand spécialiste de la philosophie antique. Selon lui, pour comprendre ce que nous désignons par philosophie, il faut distinguer le discours sur la philosophie de la philosophie comme manière de vivre : « Le discours sur la philosophie n’est pas la philosophie. […] Les théories de la philosophie sont au service de la vie philosophique. […] La philosophie antique propose à l’homme un art de vivre, au contraire la philosophie moderne se présente avant tout comme la construction d’un langage technique réservé à des spécialistes » (Hadot, 2002 : 293-295). À notre modeste mesure, nous reprendrons cette distinction, appliquée à la direction d’entreprise en tentant autant que possible de faire dialoguer le discours scientifique sur leadership stratégique avec l’art de vivre le leadership. Ce dialogue est fondamental dans la construction du leadership : l’action managériale ne peut se passer d’un questionnement intellectuel et d’un effort réflexif sur elle-même. Inversement, une connaissance théorique déconnectée de la pratique, dans ce qu’elle a de bon et d’efficace, mais aussi de beau et d’inspiré, serait vaine dans une science appliquée comme le sont supposément les sciences de gestion.
Ce n’est pas là le seul emprunt que nous ferons à Pierre Hadot et à la philosophie antique, notamment stoïcienne…




lundi 8 juillet 2013

International Leadership Association 2013

En octobre prochain, j'aurais le plaisir d'animer une session à l'ILA avec mes collègues Joanne Ciula, Alice Eagly et Sarah-Saint-Michel, sur l'éthique du leadership authentique (le paradigme et modèle dominant actuellement le champ des leadership studies) à travers ses relations problématiques avec le genre et la diversité des leaders 

GENDER, DIVERSITY, AND THE ETHICS OF AUTHENTIC LEADERSHIP

Facing the growing interest of both practitioners and scholars in authenticity and authentic leadership, this panel would like to focus on the ethics of authentic leadership and more specifically on the nature and consequences of this (sometimes) paradoxical injunction of authenticity received by leaders, especially for female and minority leaders. The 4 presenters will explore both theoretically and empirically the promises as well as the pitfalls of authentic leadership emphasizing the ambivalent role played by values.

Authentic leadership
Authenticity can be traced back to ancient Greek philosophy and is defined by Greek aphorism “Know Thyself” (Gardner et al., 2011). Based on the concept of authenticity a new paradigm has emerged in leadership literature through authentic leadership theory. There are numerous definitions of authentic leadership (see Gardner et al., 2011), but we can distinguish four primary components of AL – self based constructs (e.g., self-awareness, self-regulation, self-knowledge, self-esteem, self-congruence); balance processing, relational transparency, and an internalized moral perspective (Walumba et al., 2008). As Avolio, Luthans et al., (2004) suggest authentic leaders are “those individuals who know who they are, what they think and behave and are perceived by others as being aware of their own and others’ values” (p.4) and authentic leaders promote goals and values that are grounded in shared values of larger community (Price, 2003).


The ethics of authentic leadership
Although important work has been carried out in the field of leadership (Avolio, 2005; Gardner et al., 2011; Wallumbwa et al., 2008), research on the relationship between authentic leadership and gender and more largely with diversity remain neglected issues in the field (Chin, 2010). This limits calls for greater discussion of the ethics of authentic leadership and especially the role played by values (Ciulla, 1999). 

Authentic leadership and gender
Eagly (2005, p.460) suggests that authentic leadership is a process whereby the leader produces positive outcomes in followers’ attitudes, behavior, and performance by acting through meditional processes that involve followers’ trust, hope and other positive emotions (Avolio et al., 2004). Through this dyadic relationship between leader and followers emerges a specific process of persuasion and negotiation. Leader communicates values and goals to followers. In return, followers internalize leader’s legitimacy by personal and social identification with the leader. As suggested by Eagly (2005) achieving relational authenticity is particularly challenging for female leader because they could suffer a “lack of fit” between leadership role and gender role (Heilman, 2001) which in turn conduct them to suffer from a lack of legitimacy.

The purpose of this panel is therefore to explore how gender affects the development of authentic leadership, what role is played by values in this process and what are the implications for authentic leadership theory as well as for leadership practice.

This panel is composed of 3 contributions originating from various fields (business ethics leadership studies, gender studies) and disciplines (psychology, philosophy, management) and exploring the issue both theoretically and empirically.

After a general introduction of authentic leadership (presenter 1), we will have 3 presentations that will provide the audience with a journey into authentic leadership, gender and diversity through the following stages:

1) THE ETHICS OF AUTHENTIC LEADERSHIP (Joanne Ciulla, Richamon University)


Joanne will examine some of the philosophic problems with authentic leadership by using her analysis of Nelson Mandela to show why the theory fails to describe the moral behavior of iconic leaders.





2) THE IMPLICATIONS OF AUTHENTIC LEADERSHIP FOR WOMEN (Alice Eagly, Northwestern University)

Alice will provide an overview of the theoretical implications of authentic leadership for women: experts on leadership who have defined authenticity generally don’t consider the situation of members of groups who have had little access to leader roles. Because of the social position of such individuals, their attitudes and values may differ from those of the traditional holders of power. For example, value and attitudinal differences between women and men are well established. Therefore, when women or members of other underrepresented groups express and act on their value, they may find themselves somewhat at odds with many of their colleagues and followers. Moreover, it may be difficult for people to identify with nontraditional leaders and to regard their values as suitable for the community within which the leader has authority. Therefore, establishing trust and authority in leadership roles offers special challenges for women and other “outsider” leaders. Understanding these nuances of authenticity can be helpful in assisting members of underrepresented groups to become effective leaders.


3) AUTHENTIC LEADERSHIP, GENDER AND DIVERSITY: AN EMPIRICAL STUDY
(Valérie PETIT, EDHEC Business School et Sarah Saint-Michel, University of Toulouse 1)

Valerie and Sarah will present and discuss an empirical research on authentic leadership, gender and diversity at a large French company knows for its true and effective investment in promoting equality and diversity. They will explore the following question: does diversity climate improve the development of authentic leadership among managers and especially female managers? This will helps us to put forward some practical recommendations for leaders and their organizations.

vendredi 5 juillet 2013

Call for papers - cas pédagogiques sur le leadership













Des cas pédagogiques sur le leadership

J'ai le plaisir d'être associée à une belle initiative : la tenue d"une conférence et l'écriture d'un ouvrage collectif dont la vocation est de réunir une sélection de cas pédagogiques sur le leadership.

pour es collègues intéressés, il est encore temps de contribuer à cette initiative qui offrira à tous les enseignants en leadership et comportement organisationnel un matériel utile et pertinent en particulier s'ils enseignent en langue française


Appel à contributions

Atelier de cas pédagogiques sur le leadership
Vendredi 06 décembre 2013
SKEMA Business School
9h30-17h30
Campus de Paris La Défense,
Pôle Universitaire Léonard De Vinci,
Esplanade Mona Lisa - Courbevoie
92916 Paris La Défense Cedex

Présentation
Jamais auparavant les organisations n’ont fait face à autant de turbulences. La crise économique récente est venue accentuer la fragilité des organisations, déjà confrontées à l’accélération croissante des changements, à la forte compétition des pays émergents et à l’accumulation de scandales financiers. En effet, alors que l’environnement change dramatiquement, que les règles de fonctionnement sont à revoir, les organisations et les individus qui les composent sont confrontés à de plus en plus d’ambiguïté (Heifetz & al., 2009). Dans l’économie du savoir actuelle, les défis de gestion ne consistent plus à optimiser la production, mais plutôt à créer un environnement propice à l’innovation s’appuyant en grande partie sur le capital humain (Ulrich & Broackbank, 2005). Pour ce faire, les organisations doivent impérativement démontrer rapidité, flexibilité et adaptabilité pour soutenir le rythme croissant d’apprentissage nécessaire pour demeurer compétitif (Uhl-Bien, Marion & McKelvey, 2007). Ce sont dans de tels contextes que le besoin de leadership se fait le plus ressentir. En effet, le leadership constitue un des facteurs prédictifs les plus importants de la capacité des groupes et des organisations à s’adapter aux environnements turbulents (Peterson & al., 2008; Mintzberg & Waters, 1982). En effet, les leaders impriment une direction en élaborant une vision du futur ; ils la communiquent ensuite aux autres et les soutiennent face aux obstacles rencontrés (Robbins & Judge, 2011). L’époque contemporaine produit régulièrement des situations de crise durant lesquelles les capacités d’analyse globale et de développement de scénarii sont déterminantes pour y faire face. John Kotter, professeur à la Harvard Business School, explique que le management consiste à gérer la complexité (Robbins & Judge, 2011). Un bon management assure l’ordre et la cohérence par le biais d’une planification formelle, conçoit des structures organisationnelles rigoureuses et contrôle les résultats en regard des plans. Le leadership consiste, quant à lui, de gérer le changement. Bien que Kotter définisse séparément les deux termes, chercheurs et managers négligent très souvent cette distinction. Ainsi, Robbins & Judge (2011) définissent le leadership comme la capacité d’orienter et de mobiliser durablement un groupe d’individus vers l’accomplissement de buts précis. L’origine de cette influence peut être formelle – associée notamment à l’exercice d’une fonction managériale au sein de l’organisation. Le fait qu’une organisation confère à ses managers certains droits formels ne garantit pas pour autant qu’ils soient capables d’assurer un leadership efficace (Robbins & Judge, 2011). On observe d’ailleurs que le leadership informel –c’est-à-dire la capacité d’influencer les gens en dehors de la structure formelle de l’organisation – revêt souvent autant d’importance, voire davantage, que l’influence formelle (Robbins & Judge, 2011). En d’autres termes, les leaders peuvent aussi bien émerger d’un groupe que devenir leaders par le biais d’une désignation officielle. Le leadership dans l’entreprise en réseau n’exclut pas le commandement des organisations verticales (Roulleaux Dugage, 2008), mais il peut selon les situations évoluer vers des formes partagées ou collaboratives (Yukl, 1999 ; Moss Kanter, 1994) au sein d’un groupe dans lequel les individus renforcent leurs influences par leurs interactions, permettant ainsi la mise en lumière d’une sagesse collective. Ces conceptions renvoient aux modèles émergents de leadership partagé et de leadership collaboratif (Archer & Cameron, 2008).
Par ailleurs, de nombreux auteurs identifient certaines formes de leadership susceptibles de restaurer la confiance des parties prenantes (investisseurs, employés, clients), devenus de plus en plus intolérants aux incohérences entre les principes endossés par les leaders et leur conduite (Walumbwa & al., 2008). À cet effet, un nombre croissant d’auteurs soutient que l’adoption d’un leadership éthique (Brown & Treviño, 2006) ou d’un leadership authentique (Avolio & Gardner, 2005) caractérisé par la transparence des intentions et une grande cohérence entre les valeurs endossées et les actions posées est nécessaire à l’atteinte d’une performance durable des organisations. Cet atelier de cas pédagogique est consacré aux enseignants-chercheurs et/ou praticiens en Management. L’enseignement du Leadership représente un enjeu important comme le prouve le nombre de communications et d’ouvrages sur le sujet. La thématique du Leadership revêt de nombreux aspects que nous souhaitons voir illustrés à travers des mini-cas réels. Voici une liste non exhaustive des thèmes possibles :

  • Le leadership : action individuelle ou démarche collective dans une organisation ?
  • Le leadership : comment motiver et inspirer dans une entreprise en réseau ?
  • Défis et enjeux du leadership dans une économie globale
  • Leadership et Ethique
  • Leadership et authenticité
  • Leadership : Comment le développer ?
  • Leadership et culture organisationnelle
  • Leadership : une affaire de genre ?
  • Leadership et Web 2.0
  • Leadership et créativité

Les cas non fictifs doivent concerner des situations récentes de la vie des affaires. Ils sont basés sur des données réelles (primaires et/ou secondaires)

Indications aux auteurs

Les cas doivent respecter impérativement les règles de soumission suivantes. Les cas seront d’une longueur maximale de 10 000 – 12 000 caractères espaces compris. Ils seront conclus par une série de questions et pourront comporter des annexes si celles-ci sont utiles à la résolution du cas par les étudiants. L’auteur veillera donc à s’y référer dans la note pédagogique. Les notes pédagogiques seront d’une longueur maximale de 10 000 – 12 000 caractères espaces compris. Elles devront être structurées autour des points suivants : un résumé en 600 caractères espaces compris, les objectifs pédagogiques, le(s) concept(s) sur le(s)quel(s) repose le cas, l’animation pédagogique, le corrigé détaillé (à partir des questions de conclusion du cas), les pistes d’ouverture, une bibliographie d’approfondissement et la bibliographie de référence pour la rédaction du cas.

Le cas et la note pédagogiques devront respecter les conditions de forme suivante :
  • Police Times New Roman 10
  • Interligne simple
  • Titre principal en gras
  • Titre intermédiaire en gras et italique sans numérotation

Les cas (et notes pédagogiques) feront l’objet d’une évaluation anonyme par le comité scientifique. Lors de l’atelier, la présentation des cas (diapositives Powerpoint) sera d’une durée de 15 minutes maximum. Elle devra être structurée comme suit :
  • La situation traitée par le cas
  • Les concepts mobilisés
  • Les questions proposées
  • Les réponses fournies dans la note pédagogique

La présentation sera suivie d’une discussion de 10 minutes.
Une sélection des meilleurs cas sera ensuite publiée dans un ouvrage intitulé « Cas sur le Leadership » aux Editions EMS. Les aspects Les aspects pratiques liés à cette publication seront abordés lors de l’atelier du vendredi 6 décembre 2013.

Les soumissions sont à envoyer à Eliane.bacha@skema.edu, baron.louis@uqam.ca et
Genevieve.poulingue@skema.edu au plus tard le 15 septembre 2013. 
Les réponses des organisateurs seront transmises au plus tard le 31 octobre 2013. Le programme finalisé de la journée sera envoyé aux participants inscrits 10 jours avant la manifestation.

Comité scientifique

Le comité scientifique sera sous la direction de Louis Baron et sous la coordination d’Eliane Bacha et Geneviève Poulingue. Le comité scientifique est composé de :
  • Agathe Potel (EM Lyon Business School)
  • Benoit Cherré (ESG UQAM)
  • Danièle Chauvel (SKEMA Business School)
  • Denis Cristol (CREF Paris Ouest Nanterre, CNFPT)
  • Olivier Doucet (HEC Montréal)
  • Olivier Germain (ESG UQAM)
  • Pascal Grandin (Université Lille 3, SKEMA Business School)
  • Ulrike Mayrhofer (Directeur du Centre de Recherche Magellan, IAE Lyon, Université Lyon 3)
  • Valérie-Claire Petit (EDHEC Business School)
  • Vincent Calvez (ESSCA Angers)

jeudi 4 juillet 2013

Conférence sur le genre du leadership

Le 31 mai dernier, j’avais le plaisir d’intervenir à Caen, auprès des managers du Crédit Agricole, de KPMG et de Sodexo à l’occasion d’une soirée consacrée non pas au sexe des anges mais à celui du leadership !

Humour + Femme = changement 

Une soirée pas comme les autres, puisque celle-ci débutait avec une performance de Blandine Métayer, auteure d’un one woman show intitulé : « je suis top ! », narrant avec humour l’accession d’une femme au comité de direction de son entreprise. Je m’attendais à rire, je fus aussi émue par l’histoire de cette femme qui tente de trouver sa place entre comportements machistes et tentation de l’auto-sabotage. Je fus également admirative du travail d’enquête et d’entretiens menée par Blandine Métayer, conseillée par Brigitte Grésy, (!) pour écrire ce spectacle que l’on sent nourri du vécu des femmes qu’elle a rencontrées mais également de la littérature sérieuse qu’elle a su intégrer et mettre en scène avec une efficacité que lui envierait n’importe quel enseignant en management !

Difficile ensuite de venir parler des travaux scientifiques sur le leadership, mais pari réussi si l’on en croit les retours enthousiastes du public !

Les femmes de pouvoir ne sont pas aimables

Mon exposé a débuté avec ce reportage consacré à Sheryl Sandberg et surtout cette couverture audacieuse de Time Magazine intitulée : « Ne la haïssez pas parce qu’elle a du succès ». Depuis quelques mois, la N°2 de Facebook a en effet relancé le débat et nourrit les polémiques autour des conditions d’accès des femmes au pouvoir ainsi qu’à la reconnaissance et l’affirmation de leur leadership personnel. Ce titre de Time Magazine fait non seulement référence aux critiques qui ont été adressées à Sheryl Sandberg (tour à tour accusée d’être trop diplômée, trop riche, trop visible, trop investie dans son travail au détriment de ses enfants, trop donneuse de leçons, bref TROP….) mais également à une étude de Franck Flynn, professeur de comportement organisationnel à Stanford, citée par Sandberg dans son ouvrage, et qui montre qu’à parcours, compétences et comportements identiques, un homme est jugé sympathique et reconnu comme un leader tandis qu’une femmes est jugée désagréable et potentiellement autoritaire. En effet, la question se pose : reprocherait-on à un dirigeant d’entreprise masculin d’être diplômé de Harvard, d’être l’un des mieux payés et des plus influents de sa génération, d’avoir investi beaucoup d’énergie dans son travail et d’écrire un ouvrage parlant de leadership pour livrer ses conseils aux jeunes générations ? Du moins ne l’a-t-on jamais reproché à Jack Welch qui vendit il y a 10 ans plus d’un million d’exemplaires de son subtil manuel de leadership personnel: « Jack straight from the gut »

La théorie de la congruité/ l'incongruité

Ce que met en lumière cette couverture consacrée à Sheryl Sandberg, c’est ce qu’Alice Eagly (2002, 2007) spécialiste du genre et du leadership à l’université de Northwestern appelle la théorie de l’incongruité. Selon elle, si le fait que des femmes exercent du leadership pose problème et suscite de la méfiance, c’est que ces dernières déclenchent chez chacun d’entre nous comme un sentiment d’étrangeté. Une femme leader, qui a du pouvoir, cela nous parait incongru. Cette incongruité, explique Alice Eagly vient de ce que le stéréotype du leader et le stéréotype de genre (la femme) ne s’accordent pas. Il suffit de décrire le contenu de chacun d’entre eux pour le comprendre. Plusieurs études (Rosener, 1995; Sczesny, 2003) ont ainsi montré que lorsque nous pensons à la catégorie « homme » nous associons des traits tels que la rationalité, la compétition, la force, l’affirmation de soi, la décision, des traits que les psychologues qualifient « d’agentiques », c’est-à-dire centrés sur l’action individuelle. En revanche, lorsque nous pensons à la catégorie « femme », nous associons des traits tels que la beauté, la douceur, le soin, le sexe ( !), la considération, des traits que les psychologues qualifient de « communaux » c’est-à-dire centrés sur le dévouement à la communauté. Enfin quand nous faisons appel à la catégorie mentale du leader (i.e. au stéréotype du leader), nous associons des traits dont une majorité sont agentiques et partagés avec ceux du stéréotype masculin.

Le syndrome de la femme à barbe


C’est ce que j’appelle le syndrome de la femme à barbe. Dans un stand de foire ou elle joue les attractions, ou encore dans un bocal rempli de formol sur l' étagère d'un cabinet de curiosités: voici la femme de pouvoir. Le collectif féministe la barbe l’a bien compris qui s’invite en postiche dans ces lieux de pouvoir où les femmes sont  absentes sans que personne ne trouve cela « curieux » ou « bizarre ». Pour ma part, j’ai souvent recours à cette inégalable publicité sur les stéréotypes masculins, pardon sur les rasoirs pour hommes : la perfection au masculin... La visionner, outre nous faire sourire, nous rappelle qu’extirper les stéréotypes de genre de notre représentation du leader est un service rendu au leadership, aux femmes mais également aux hommes qui n’en méritaient pas tant, vraiment...




Alors que faire ? 
Premièrement prendre conscience de la nature profondément genrée de notre conception du leadership, nous avons beau protester que non, les choses évoluent, étude après étude les chercheurs montrent que cette dimension demeure.

Deuxièmement, se tenir informer des études réalisées sur l'efficacité des leaders et des styles de leadership pour finalement découvrir que notre stéréotype du leader est loin,  très loin, de réunir des traits et des comportements productifs lorsqu'il s'agit de d'engager et de motiver ses équipes. Ainsi, les chercheurs ont-il montré que l'un des comportements de leadership les plus efficaces est...la considération pour ses équipes (un trait typé comme féminin qui n’apparaît pas central dans notre stéréotype). 

Troisièmement, se convaincre, qu'hommes et femmes ont tous intérêt à faire évoluer ensemble un stéréotype du leader qui n'a plus grande pertinence dans l'entreprise d'aujourd'hui qui expérimente les limites de l'autorité hiérarchique, de la rationalisation organisationnelle, du management par objectifs et de la normalisation des comportements. La mission commune: faire émerger le stéréotype du leader qui correspondra à notre époque globale, ouverte et métissée, un stéréotype inclusif qui permette à chacun d'être reconnu comme un leader potentiel et de s'imaginer comme tel


Quatrièmement, et puisque tout cela prendra du temps, commencer par quelques stratégies efficaces:


Première stratégie, désarmer le stéréotype de genre en mettant en avant son rôle professionnel par exemple ou une autre appartenance: une de mes amies qui exerce des responsabilité dans un univers très masculin (la finance) m'a dit un jour: "moi ce qui m'a servi, c'est que  j'étais perçue avant tout comme une anglaise plutôt que comme une femme ! Il était donc tout à fait "normal" que je fasse des choses "bizarres" !




Autre stratégie qu'évoque Sheryl Sandberg dans son ouvrage : servir le stéréotype de genre en première instance pour créer un cadre familier et rassurant pour son interlocuteur. En d'autres termes, Mesdames, commencer par être gentille et aimable, mais ensuite....ne rien lâcher. C'est visiblement ce que fait cette dirigeante, qui ne vacille face à la critique, perchée sur des talons de 12 cm, à la tête d'une entreprise laboratoire des nouvelles pratiques de management.

Références

Eagly, A. H., & Carli, L. L. (2007). Through the labyrinth: The truth about how women 
become leaders. Boston: Harvard Business School Press.


Eagly, A. H., & Karau, S. J. (2002). Role congruity theory of prejudice toward female 
leaders. Psychological Review, 109, 573-598.


Rosener, J.B. (1995). « Sexual static », in Rosener, J.B. America’s competitive secret : Utilizing Women as a management strategy. Oxford University Press. 67-83.

Sczesny, S.  (2003). A Closer Look Beneath the Surface: Various Facets of the Think-Manager–Think-Male Stereotype, Sex Roles, Vol. 49

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