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Bienvenue sur mon blog professionnel !

Celui-ci est dédié à ce que j'appelle l'Art et la Science du Leadership. La Science du Leadership, ce sont les travaux de recherche menés depuis près d'un siècle sur les leaders et le leadership. C'est le Leadership saisi par la raison logique et la méthode scientifique. L'Art du Leadership, c'est la perception et la pratique du leadership au quotidien, celles de ceux qui agissent en leader ou s'engagent à leurs côtés. C'est le leadership saisi par la raison sensible, l'expérience et l'émotion. L'un ne va pas sans l'autre, chacun nourrit notre réflexion et notre pratique du leadership. Vous trouverez ici mes projets, productions, collaborations, réflexions et recommandations sur l'art et la science du Leadership et les équipes dirigeantes.

lundi 17 septembre 2012

Que se passe t-il avec le cheval?


Que se passe t-il avec le cheval ?


C'est la question que je me suis posée lorsque j'ai réalisé ma dernière "veille" des formations au Leadership.

Les formations plaçant le cheval au coeur du dispositif de développement du leadership se multiplient...


Quelques exemples



J'ai beau aimer les animaux et accueillir toutes les expériences et expérimentations s'agissant de l'Art du leadership comme autant d'occasions pour chacun de vivre et questionner son  leadership, j'avoue que certaines promesses explicites et analogies  implicites de ces formations me laissent songeuse...


Bonaparte au col du Grand-Saint-Bernard  (J.L. David)
Quelques citations à méditer

Elles sont tirées de ces sites et donnent matière à réfléchir pèle-mèle sur la vision de certains professionnels du leadership à propos de la nature du coaching, la nature humaine, la nature de la psychologie, la nature de la relation managériale et bien sur la nature profonde du cheval !

"Le coaching par le cheval est destiné aux salariés, cadres et managers des entreprises. Il vous permet de prendre conscience de vos forces et faiblesses, et d'améliorer votre confiance en vous, la maîtrise de vos émotions, d'augmenter votre leadership"

"La relation homme/cheval est une « grille de lecture » globale de l’individu. L’esprit, le
coeur et le corps de l’individu sont mobilisés, s’expriment. La relation homme/cheval constitue un miroir de la personnalité de l’individu.
L'être humain est :
• un prédateur
• doté de capacités cognitives très élaborées (raisonnement, apprentissage, langage…)
• associé à un territoire
Le cheval est :
• un animal de proie, qui vit dans un monde sensoriel différent du nôtre
• très émotif et sensible
• nomade, non associé à un territoire
La relation homme/cheval est :
• révélatrice des émotions profondes de l'individu


"Le cheval recherche naturellement un leader...Le cheval est un animal grégaire qui vit en troupeau. Ce troupeau est en fait une véritable équipe au sein de laquelle chaque cheval tient un rôle, permettant la cohésion et la survie du groupe. Des relations hiérarchiques s'établissent dans le groupe, et le cheval recherche naturellement un leader dans son troupeau: il va faire confiance à ce leader, il va respecter ce leader, il va suivre ce leader. La maîtrise d'un cheval par l'homme consiste "simplement" à devenir son leader, par un comportement approprié, en établissant avec le cheval des relations de partenariat fondées sur le respect, la confiance et la connexion"

Certes toute expérience permettant de mieux se connaitre et de s'engager dans une dynamique de développement personnel/d'actualisation de son potentiel participe de la construction d'un socle psychologique solide et positif, propice à l'affirmation de son leadership (ce qu'étudie le paradigme actuel du leadership authentique) mais faut-il pour autant voir dans chaque moment de vie ou interaction la "clef du leadership"...? sans doute, le fait me dérangerait moins, s'il ne révelait en filigranne une vision singulière de la relation managériale.

Animaux et leçons de leadership...une vieille histoire




L'art de mener les chats



Des loups pour former les leaders allemands




L'animal révèle votre style de leadership 

mardi 11 septembre 2012

L'hubris du dirigeant vu par la neurobiologie et la psychologie expérimentale

L'hubris des dirigeants (la perte du sens de la mesure et l'orgeuil excessif) et les effets/méfaits de l'exercice du pouvoir sont une question d'actualité: la preuve avec cette chronique de Sébastien Bohler, docteur en neurobiologie et rédacteur de la revue Cerveau & Psycho. Dans ces deux chroniques proposées dans l'émission 28' d'Arte, celui-ci revient sur plusieurs résultats issus de la neurobiologie et de la psychologie expérimentale:

Le pouvoir addictif

L'exercice du pouvoir modifierait l'équilibre chimique du cerveau. Celui-ci activerait la production de dopamine (productrice de plaisir) dans une zone du cerveau liée à la récompense, poussant l'individu à l'accumulation des ressources matérielles et des relations sexuelles.  ce système de récompense fonctionnant selon un principe de renforcement, il conduit l'individu à rechercher toujours plus, provoquant un phénomène d'addiction proche de celui provoqué par la consommation de certaines drogues, et relié à ce même système de récompense.

Ceci expliquerait notamment des phénomènes tels que l'enracinement des dirigeants (s'accrocher au pouvoir) mais également le nombre de relations sexuelles supérieur à la moyenne constaté chez les dirigeants ...


Les illusions du pouvoir

Première illusion : Lorsqu'un individu est mis dans une situation de pouvoir, il tend à s'illusionner sur l'image qui lui est renvoyée par ceux qui l'entourent (surestimation positive). Un seul témoignage positif est ainsi intérprété comme un plébiscite etc. Le détenteur de pouvoir tend dès lors à  surestimer sa légitimité réelle. Une explication possible de l'une des composantes de l'hubris (le sentiment d'être le seul qualifié pour exercer la fonction) à l'origine de l'enracinement du dirigeant.

Deuxième illusion: Lorsqu'un individu est mis dans une situation de pouvoir, il sous estime (jusqu'à 70%) le temps requis pour effectuer une tâche. Ceci explique, par exemple, la fixation d'objectifs irréalistes, en particulier quand le dirigeant n'est pas celui qui fait mais celui qui commande aux autres de faire...Peu confronté au temps réel requis pour réaliser une tâche, persuadé que s'il devait la réaliser il lui faudrait beaucoup moins de temps que ce que suggèrent ceux qui sont, eux, confrontés à la réalité opérationnelle...voila la porte  ouverte à un management tyrannique et/ou une stratégie irréaliste.



Ces deux chroniques font suite aux travaux de Owen et Davidson paru en 2009 dans la Revue Brain et proposant de décrire le Syndrome d'hubris. Un syndrome qui concernerait ceux qui détiennent le pouvoir et regrouperait, en plus de traits relevant de troubles de la personalité déja répertoriés (personalité narcissique, antisocial notamment), des traits propres à l'hubris tel que le sentiment d'être irremplaçable. Les travaux d'Owen (qui est psychiatre et ancien homme politique) ont suscité l'organisation d'une conférence de la Royal Academy of Medicine qui se tiendra dans un mois à Londres et intitulée: "the intoxication of power: from neurosciences to hubris in healthcare and public life". Un titre faisant directement référence à l'ouvrage de David Owen: "The hubris syndrome:Bush, Blair and the intoxication of  power".


Dans deux articles publiés en 2010 et 2012 avec ma collègue Helen Bollaert, nous avions discuté les travaux sur l'hubris du dirigeant et notament ceux de Owen et Davidson. Nous proposons une description complémentaire, centrée sur les comportements observables dans un contexte d'entreprise avec un focus sur les dirigeants d'entreprises (Owen se concentre plutôt sur les dirigeants politiques). Voir mon post à ce sujet

Reférences
  1. Bollaert, H. & Petit, V. (2010) Beyond the Dark Side of Executive Psychology: Current Research and New Directions, European Management Journal, Volume 28, Issue 5, 362-373
  2. Petit, V & Bollaert, (2012) H. Flying too close to the Sun: Hubris among CEOs and how to prevent it,Journal of Business Ethics, 108(3):265-283.
  3. Owen, D., & Davidson, J. (2009). Hubris syndrome: An acquired personality disorder? A study of US Presidents and UK Prime Ministers over the last 100 years. Brain, 132, 1396–1406.

mardi 4 septembre 2012

Création d'une nouvelle revue scientifique en Leadership




Après plusieurs mois de travail, nous y voila enfin: la création d'une nouvelle revue scientifique internationale en leadership ! avec une quinzaine de collègues et à l'initiative d'Antonio Marturano, la revue Leadership and the Humanities est née, publiée par Edward Elgar et avec le parainage de l'International Leadership Association.

Cette nouvelle revue permettra d'explorer des thèmes, des approches et des disciplines souvent mis de côté par les revues phares telles que Leadership Quarterly. Le premier numéro prévu en juillet 2013.

Présentation de la Revue Leadership & the Humanities
Leadership and the Humanities is a peer-reviewed international journal dedicated to advancing understanding of, research on, and applications concerning leadership. The journal offers rigorous but readable scholarship on leadership from the broad field of the humanities, an increasingly popular locus for leadership studies. The journal publishes explorations of leadership from many disciplinary perspectives, including philosophy, ethics, religion, history, psychology, arts, literature, drama, film, ancient and modern languages, classics, communication and media studies, anthropology, political science, and sociology. Interdisciplinary approaches are encouraged. The journal welcomes studies of leaders and leadership in many different settings, in fiction and art, and across different times, places, and cultures. This may include studies of formal as well as informal leaders, and it may focus on followers, organizations, and the context of leadership, or on symbolic representations and depictions of leadership. Research that stresses the diversity of leadership across gender, race, class, religion, and age are encouraged.

The journal publishes original papers including but not limited to the following fields:

Philosophical approaches to Leadership Studies
History and Leadership
Biography and Leadership
Analytic psychology, psychoanalysis and Leadership
Ethics and Leadership
Cultural Studies and Leadership
Arts and Leadership
Literature and Leadership
Language (modern and ancient), Linguistics and Semiotics approaches to Leadership
Communication Studies and Leadership
Religion and Leadership
Anthropological approaches to Leadership
Law and Leadership
Political theory and Leadership
Humanity education for leadership development


Co-Editor in Chief
Antonio Marturano, Adjunct Professor of Business Ethics, Catholic University of the Sacred Heart, Rome, Italy
Co-Editors
Michael Harvey, Associate Professor of Business Management, Department of Business Management, Washington College, US
J. Thomas Wren, Professor of Leadership Studies, University of Richmond, US

Editorial Board
Professor Cornelius J. Bekker, Regent University, US
Dr Brigid Carroll, The University of Auckland, New Zealand
Professor Peter Case, James Cook University, Australia
Professor Joanne Ciulla, Richmond University, US
Professor Anthony Grayling, University of Oxford, UK
Professor Keith Grint, Warwick University, UK
Professor Nathan Harter, Christopher Newport University, US
Professor Brad Jackson, The University of Auckland Business School, New Zealand
Professor Maosen Li, Renmin University, China
Dr Barbara Mossberg, California State University, Monterey Bay, US
Dr Valerie Petit, EDHEC, France
Professor Mark Poster, University of California, Irvine, US
Professor Danica Purg, Bled School of Management, Slovenia
Professor Ronald Riggio, Claremont MacKenna College, US
Professor Sergio Salvatore, Salento University, Italy
Dr Sverre Spoelstra, Lund University, Sweden
Dr Marco Tavanti, DePaul University, US
Professor Nicholas O. Warner, Claremont MacKenna College, US
Dr Thad Williamson, University of Richmond, US
Professor Martin Wood, Royal Melbourne Institute of Technology, Australia

Lien vers la présentation de la revue

Les principales revues de Leadership
The Leadership Quarterly (impact factor: 2.705)
Leadership (impact factor: 1.159)

mercredi 18 juillet 2012

Dans quel manuel de Leadership devriez-vous investir ?

Etudiants et managers me demandent souvent de leur indiquer un ouvrage de référence sur le leadership. Voici donc mes 4 recommandations commentées d'ouvrages académiques. Bonne lecture !

Pour les managers et ceux qui les accompagnent

P.G. Northouse, Leadership, Theory and Practice, 5ème Edition, Sage, 2010
Certainement le plus accessible et le plus équilibré. Des chapitres concis sur chaque approche ou théorie du leadership avec à chaque fois une présentation de la théorie, une critique, des applications et des cas.Autre avantage, il inclut les travaux les plus récents (comme la théorie du leadership authentique)
c'est celui que je recommande aux managers et aux formateurs/consultants qui souhaitent une présentation rigoureuse et vivante des travaux académiques.



Pour les enseignants et les étudiants



G. Yukl, Leadership in Organizations, 8ème Edition, Pearson, 2012

Un ouvrage complet par l'historien du leadership, Gary Yukl. C'est lui que j'utilise pour mes cours. Tout y est ! recommandations pratiques et cas rendent l'ouvrage très vivant. Vous pouvez l'utiliser comme base d'un cours de leadership général de 45h. sa imite: il reste très conformiste dans la présentation et dans la sélection des travaux/théories présentés. Il vous faudra donc l'enrichir avec des contributions plus actuelles et hors des sentiers battus.



Pour les passionnés du Leadership

G.R. Goethals et al, Encyclopedia of Leadership, 2004

Le plus exhaustif, le pus riche et surtout une véritable odyssée du leadership qui n'oublie aucune des contributions et fait la part belle aux humanités. Un gros investissement financier mais que l'on ne regrette pas...







La référence qu'il faut citer


B. Bass, The Bass Handbook of Leadership, Theory, Research & Managerial Applications, 4ème Edition, Free Press, 2008

C'est la référence académique dirigée par la référénce en matière de Leadership, B. Bass. Une somme, actualisée, très utile comme "dictionnaire". Orientation principalement psychologique (c'est sa limite), la dimension "applications" est assez limitée et la lecture parfois un peu morne...mais c'est la référence qu'il faut citer...N' espérer pas pourtant  y trouver une définition du leadership (!)

mardi 17 juillet 2012

Ethique et leadership: Ma dernière publication scientifique sur l'hubris des dirigeants

Ce mois-ci parait dans la revue Journal of Business Ethics, mon dernier article scientifique sur l'hubris des dirigeants d'entreprises, co-écrit avec Helen Bollaert, professeure de Finance à Skema Business School...

A noter: La Conférence spéciale sur l'hubris organisée par la Royal Academy of Medicine en octobre prochain à Londres...et qui en dit long sur l'actualité du sujet !


Quand l'ego du dirigeant conduit l'entreprise au bord du gouffre

Dans cet article, paru dans une revue d'éthique des affaires, nous abordons le leadership du dirigeant sous son aspect le plus négatif et démesuré, celui de l'hubris. L'hubris est un terme régulièrement utilisé par la presse anglo-saxonne pour désigner ces dirigeants, tels ceux d'Enron, de Bear Stearns, de Lehman Brothers mais aussi d'Apple ou d'Oracle, souvent très narcissiques, qui perdent le sens des réalités et de la mesure conduisant à l'échec ou à la faillite les entreprises dont ils ont la responsabilité. Mais au delà de cet usage managérial récent, l'hubris fait référence aux mythes grecs mettant en scène la perte du sens de la mesure chez l'homme: les mythes d'Icare ou d'Oedipe mettent ainsi en récit un héros défiant orgueilleusement le destin ou les dieux et qui se voit en retour sévèrement châtié...

Dans cet article, Helen Bollaert et moi-même faisons le point de la littérature et des recherches récentes sur l'hubris et plus largement les méfaits des pathologies de l'ego chez le dirigeant sur la réussite de l'entreprise. Des chercheurs en finance comme U. Malmendier et J. Tate , D. Hambrick, N. Hiller ou M. Hayward ont souligné son impact négatif sur la performance de l'entreprise, durant les opérations de fusions et acquisitions notamment (ils paient trop cher et les opérations sont moins réussies)

Malgré tout, ces travaux empiriques ne donnent aucune définition précise de l'hubris qu'ils associent de façon souvent très floue au narcissisme (un désordre de la personalité) ou à la surconfiance (un biais cognitif). Ils se contentent par ailleurs de souligner les effets négatifs, mais ne disent pas quelles conclusions pratiques en retirer (que faire?).

Helen et moi-même proposons, à notre modeste niveau, de contribuer à l'établissement d'une définition précise, distinctive et opératoire de l'hubris du dirigeant. Et plutôt que de dénoncer le cout potentiel de l'hubris du dirigeant, nous suggérons deux pistes de développement du leadership permettant aux dirigeants d'éviter cet écueil qui touche ceux exposés à un pouvoir très (trop) important....

Une définition de l'hubris du dirigeant
Nous proposons de définir l'hubris comme un phénomène qui touche ceux qui sont exposés à un pouvooir important, qui inclut à la fois des comportements pathologiques et éthiquement condamnables et qui s'exprime dans 3 relations: la relation du dirigeant avec lui-même, avec le sautres et avec son environnement.

Le tableau ci-dessous décrit les 5 dimensions de l'hubris selon nous.



Exemples de dirigeants souffrant d'hubris

Sentiment de grandiosité (narcissisme)

« Une de mes collaboratrices a l’habitude de se moquer de moi en disant : « Il voudrait être le premier patron canonisé ». (…) je ne dis pas que, si la pratique du capitalisme prévoyait une telle forme de reconnaissance, je ne serais pas tenter de postuler ! »
Jean-Marie Messier, J6M.com, 2000

Surestimation de ses capacités (surconfiance)

« Peut être faudra-t-il du temps pour que le cours de Vivendi Universal reflète la vraie valeur du groupe. Mais je sais que nos actionnaires ne seront pas déçus. Dans l’intervalle, il n’y a qu’une chose à faire : prendre son bâton de pèlerin sans relâche (…) l’objectif est toujours le même : convaincre les actionnaires d’apporter leurs titres. Et si ce premier tour ne suffit pas, nous en ferons un deuxième, un troisième. Sans état d’âme.”
Jean-Marie Messier, J6M.com, 2000.

Sentiment d'être le seul compétent pour le poste

« Je me sens engagé à devoir continuer (…) Je ne vois pas en Italie une personnalité capable de représenter les intérêts du pays comme je le fais »
Sylvio Berlusconi, 4/11/2011

Sentiment d'être au dessus/plus fort que les autres 

Antoine Zacharias, Ex PDG de Vinci (1997-2006), reconnu coupable en mai  2011 d’abus de pouvoir pour avoir évincer  3 membres du comité de rémunération qui s’opposaient alors au déplafonnement de son salaire.

Sentiment d'être au dessus/plus fort que les lois

"Il nous faut comprendre que si le marché a tujours raison, il n'a pas raison tous les jours. 
Jean-Marie Messier, La Tribune, 2002
Jean-Marie Messier, J6M.com, 2000.

Deux pistes pour éviter l'hubris 
Dans une seconde partie, nous suggérons deux pistes d'actions aux dirigeants qui souhaitent éviter l'hubris. Pour les découvrir, il vous faudra consulter notre article !

Références:
  1. Petit, V. & Bollaert, H. (2012). Flying too close to the sun: Hubris among CEOs and how to prevent it, Journal of Business Ethics, 108(3): 265-283.
  2. Malmendier, U., & Tate, G. (2008).Who makes acquisitions? CEO overconfidence and the market’s reaction. Journal of Financial Economics, 89(1), 20–43.
  3. Hayward, M. L. A., & Hambrick, D. C. (1997). Explaining the premiums paid for large acquisitions: Evidence of CEO hubris. Administrative Science Quarterly, 42, 103–127.
  4. Messier, J.-M. (2000). J6M.Com. Paris: Le Livre de Poche.
  5. Messier, J-M. (2002). Jean-Marie Messier, Ennemi du Spéculateur. La Tribune, 7 février 2002.

mercredi 4 juillet 2012

Leading Beautifully: conférence pour le CEW France


Pendant dans la conférence...
Hier soir j’avais le plaisir d’intervenir auprès des CEW (Cosmetic Executive Women) au siège de Chanel tout près de son magnifique jardin Zen. 
Au programme : le pouvoir et le leadership des femmes mais aussi, pour la circonstance, une invitation à explorer la dimension esthétique du Leadership…


Le CEW : la beauté solidaire

Crée il y a 25 ans, le CEW France est la branche française de l’association américaine crée en 1954, premier réseau féminin de la beauté. Le CEW se distingue des réseaux féminins classiques par son engagement au service des femmes : depuis 1992, l’association crée des centres de beauté pour dispenser gratuitement des soins de beauté aux femmes hospitalisées. Présidée par Françoise Montenay, ancienne présidente du conseil de surveillance de Chanel et du comité Colbert, le réseau compte plus de 300 membres, s’ouvre de plus en plus aux jeunes femmes et se lance dans le mentorat.


Leading Beautifully c’était le titre de mon intervention.

Le rôle des représentations


La première partie de mon intervention était consacrée à ce que j’appelle un détour productif par le sens commun à propos de quelques « objets » de représentation : le leadership, le leader, le dirigeant d’entreprise, le féminin, le masculin etc.
Dans les esprits, le leadership reste une affaire d’hommes qui requiert des qualités dites masculines. Et parce que le leadership est la première qualité que nous attendons d’un dirigeant, il n’est pas étonnant de voir les responsabilités en entreprises  échoir en premier lieu aux hommes. Sous évaluées en matière de leadership, les femmes sont « logiquement » écartées des fonctions dirigeantes (6% seulement des CODIR du SBF dont 50% sont DRH). Prendre conscience de l’impact de nos représentations est donc un pré-requis avant tout début de réflexion ou d’action sur le leadership : celles-ci déterminant à la fois qui nous reconnaissons comme leader, et ce que nous identifions chez nous-mêmes comme des qualités potentielles de leadership

La science et « l’effet femmes »

Dans une seconde partie, je quittais le sens commun pour la science et partageait deux séries de résultats de recherche. Ceux mettant en évidence les effets positifs de la présence des femmes dans les instances de gouvernance des entreprises, et ceux mettant en avant l’efficacité des qualités de leadership dit transformationnel, dont nous savons quelles sont plutôt possédées par les femmes (voir à ce sujet l’enquête Women Matter 3). Deux raisons « scientifiques » de promouvoir la diversité à la tête des entreprises et dans les programmes de sélection et de développement des leaders.

Leading beautifully


La troisième partie de mon intervention était consacrée à ce que j’appelle l’art du leadership i.e. sa pratique, à la fois belle (au sens de Platon, c'est à dire également morale) et efficace J’y faisais 3 recommandations pour les femmes dirigeantes :

Premièrement, relever le défi d’un leadership authentique car nous savons (depuis les philosophes antiques mais également depuis la psychologie scientifique positive) que le fait de se connaitre et d’agir en cohérence avec ce soi que l’on s’efforce de connaitre constitue le socle le plus positif et le plus durable pour développer son leadership.

Deuxièmement, développer ses compétences de leadership transformationnel. Nous savons que celles-ci font réussir l’entreprise via l’engagement des équipes. Nous savons également que les femmes ont une affinité particulière avec les comportements typiques des leaders transformationnels : le charisme (la capacité a montrer l’exemple), la motivation inspirante (motiver par une vision optimiste), la considération individualisée (prendre chacun en compte) et la stimulation intellectuelle (donner le gout de penser différemment).

Troisièmement, développer un kalos kagathos du leadership, une recherche du beau et du bien dans la pratique de son leadership. c’est ce que j’appelle « Leading Beautifully », expression empruntée à Donna Ladkin, une chercheuse de Cranfield qui a publié un magnifique article sur ce sujet. Notre approche du leadership est encore largement marquée par une vision positiviste, asymétrique, instrumentale et souvent technicienne. Mais le leadership n’est pas qu’une affaire d’efficacité apprise pour influencer les autres. Le leadership est aussi affaire de moralité, de beauté, de corps et d’âme.  

Donna Ladkin identifie 3 piliers du leading Beautifully
Premier pilier : la maitrise virtuose de son domaine de compétence (mastery)
Deuxième pilier : la poursuite d’un but moralement élévé (purpose)
Troisième pilier : l’authenticité (coherence)

C’est Oprah Winfrey, leader authentique et transformationnel s’il en est qui nous a permis d’incarner ce leader authentique, transformationnel et virtuose.

Un grand merci à Laurence Paganini, Françoise Montenay et Natacha Pastre pour leur accueil

Pour découvrir les CEW: http://cew.asso.fr/
Pour lire l’article de Donna Ladkin :http://centres.exeter.ac.uk/cls/documents/041ladkin.pdf

Pour voir la vidéo d’Oprah Winfrey : http://www.youtube.com/watch?v=Bpd3raj8xww

mardi 5 juin 2012

Mon prochain livre sur le leadership et la direction d'entreprise

Bonne nouvelle, mon projet d'ouvrage consacré au leadership et à la direction d'entreprise vient d'être retenu par les éditions Pearson. Sortie prévue au printemps 2013 si tout va bien, dans la collection Management en Action.

Intitulé "Du Leadership pour Diriger" et sous-titré "l'Art et la Science du Leadership stratégique", cet ouvrage s'adresse à la fois aux enseignants et étudiants en management mais également aux dirigeants et à ceux qui les accompagnent dans leur développement.

Il propose un état de la recherche récente sur le leadership stratégique et plus précisément sur 3 notions clefs que sont le pouvoir, la légitimité et le leadership des dirigeants d'entreprises. J'y présente également mon approche personnelle du développement du leadership du dirigeant basée sur mes travaux de recherche et mes échanges avec plus d'une centaine de dirigeants depuis 10 ans. Comme à mon habitude, j'y développe une approche qui explore et fait dialoguer l'art et la science du leadership, i.e. la pratique et l'expérience des dirigeants eux-mêmes et les études scientifiques sur la direction d'entreprise et le leadership aujourd'hui.

Quand les dirigeants perdent leur pouvoir…ils développent leur influence


J. Westphal,
Professeur de stratégie
 Ross Business School,
Michigan University
Dans cette étude, James Westphal montre que vouloir renforcer le contrôle du dirigeant par le conseil d'Administration, peut susciter, de la part des dirigeants, des stratégies d'influence qui, in fine, contribue à renforcer leur pouvoir mais si celui-ci est "structurellement" réduit.


Réforme de la gouvernance et pouvoir du dirigeant.
Le mouvement de réforme de la gouvernance d’entreprise amorcé dans les années 90 (1) a débouché sur une nouvelle répartition des pouvoirs à la tête des entreprises notamment des grandes entreprises cotées. Le pouvoir, et notamment le pouvoir de contrôle, de l’actionnaire vis-à-vis du dirigeant a été renforcé et réaffirmé dans les textes mais également dans les faits (1). Ainsi, il n’est pas rare aujourd’hui de voir un conseil d’administration remercier un directeur général, ce qui pouvait paraitre impensable il y a 20 ans : Souvenez-vous, en 2002, lorsque Jean-Marie Messier fut poussé à la démission par le conseil d’administration de Vivendi Universal au terme d’un bras de fer de plusieurs mois, ce n’était que la seconde fois qu’un conseil du CAC 40 exerçait ainsi son pouvoir "ultime" de contrôle sur le dirigeant d’une entreprise.

La lutte contre « l’hégémonie managériale » et le renforcement du pouvoir actionnarial sont clairement inscrits dans l’ADN du mouvement de réforme de la gouvernance d’entreprise qui s’appuie sur une vision très particulière de la relation actionnaire-dirigeant : celle véhiculée par la théorie de l’agence (2) qui modélise la relation entre l’agent (le manager) et le principal (l’actionnaire) comme une relation par nature conflictuelle (les fameux conflits d’agence) : leurs intérêts seraient par trop divergents. 
Les «bonnes pratiques de gouvernance » qui vont ainsi être mises en avant par les textes de lois et les codes de gouvernance de ces dernières années vont ainsi s’appliquer à limiter le pouvoir du dirigeant (par exemple en séparant les fonctions de Directeur Général et de Président), renforcer le pouvoir de contrôle du conseil d’administration (par exemepe en renforçant son indépendance) et s’attacher à aligner les intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires (au moyen par exemple de Stock options).

Les chercheurs sont très partagés sur les bénéfices réels (sur la performance de l’entreprise notamment) de ces « bonnes pratiques de gouvernance », mais aussi la validité empirique de la théorie de l’agence ou encore sa vision pessimiste et assez réductrice de l’entreprise et de ses acteurs que celle-ci véhicule (1) (3).

Dans une étude réalisée en 1997/1998 (4) (5) sur un échantillon de 600 grandes entreprises américaines, James Westphal, l’un des chercheurs les plus prolifiques dans le domaine du leadership stratégique (étude des dirigeants d’entreprises) met en lumière la relative improductivité des mécanismes de réduction du pouvoir du dirigeant…au passage il souligne à quel point la prise en compte du leadership du dirigeant  (i.e. sa capacité personnelle d'influence) est au moins aussi importante que celle de son pouvoir formel ou structurel (celui que lui procure notamment sa position et ses fonctions dans l'organisation)

Les réactions des dirigeants face à la perte de pouvoir
L’étude de Westphal rappelle d’abord que la pratique actuelle de la gouvernance des grandes entreprises repose sur deux piliers : premièrement, le renforcement du pouvoir du conseil d’administration à travers notamment le renforcement de son indépendance vis-à-vis de l’équipe dirigeante et deuxièmement, la réduction du pouvoir du dirigeant. Selon Westphal, cette pratique relève d’une approche « structurelle » du pouvoir. Une approche qui met de côté les comportements des acteurs ou les déduit directement de la structure qui les enserre : ainsi, selon les tenants de l’approche structurelle, l’indépendance du CA doit découler de la modification mécanique de sa composition (plus d’administrateurs indépendants i.e. sans lien contractuel avec l’entreprise) et la réduction du pouvoir du dirigeant ( via la séparation des fonctions de Président et directeur Général). Les liens informels, les comportements d’influence sont ainsi mis de côté. Westphal, avec son étude les remet sur le devant de la scène…

Pourquoi un CA indépendant, n’est-il pas puissant ?
Le point de départ de son étude est une question posée par des travaux empiriques antérieurs (Pettigrew, 1992 ; Walsh & Seward, 1990) qui montrent l’absence de lien entre l’indépendance du CA et son pouvoir effectif contrairement à ce que promet le dogme de la gouvernance d'entreprise: comment expliquer la contre-productivité de cette « bonne pratique » ?

Selon Westphal, les dirigeants interprètent l’indépendance du CA comme un signal de renforcement du pouvoir du CA et perte de pouvoir potentiel pour eux: ils vont dès lors s’engager dans des stratégies d’influence interpersonnelles compensant leur perte de pouvoir potentiel vis-à-vis du CA.
Westphal étudie plus spécifiquement deux stratégies d’influence : la persuasion et la flatterie (ingratiation).

La persuasion consiste à emporter l’adhésion du CA par la force de conviction : le dirigeant convainc sur l’intérêt pour le CA de e suivre et de mettre en œuvre la stratégie qu’il propose (Persuasion involves the application of reason or logic to "convince a target that the agent's request or proposal is feasible and consistent with shared objectives). Cette stratégie fonctionne d’autant mieux que le dirigeant possède le talent, l’expertise et le projet nécessaires pour convaincre.

La flatterie consiste à créer chez les membres du CA le sentiment d’une proximité  et d’une appartenance commune qui va désamorcer toute action défavorable à l’endroit du dirigeant (« Ingration encompasses a set of influence tactics which serve to "increase one's attractiveness in the eyes of a more powerful person"). Cette stratégie est particulièrement utile au dirigeant qui ne possède pas d’arguments logiques et factuels et doit miser sur le sentiment et le lien affectif avec les membres du CA.




Westphal a ainsi étudié les stratégies de 221 CEOS américains, qu’il a mesurées à travers des réponses à des questionnaires envoyés aux administrateurs indépendants de près de  600 entreprises ainsi qu’aux CEOs eux-mêmes.

Les comportements de persuasion et de flatterie sont mesurés via des échelles psychologiques, tandis que l’indépendance du CA est mesurée via des indicateurs classiques (nombre d’administrateurs indépendants, séparation des fonctions de DG/président ; proximité des administrateurs (formation, expérience) avec le dirigeant). Westphal mesure également l’évolution de la rémunération du dirigeant (fixe, variable, bonus).

Les résultats montrent que lorsque l’indépendance du CA s’accroit, les comportements de persuasion et de flatterie des dirigeants s’accroissent également. Westphal montre également que l’accroissement de ces comportements d’influence est positivement relié à des modifications de rémunération favorables au dirigeant !

Ce faisant, Westphal suggère que les dirigeants substituent l’influence au pouvoir structurel pour maintenir voire accroitre leur pouvoir sur l’entreprise. Un résultat qui vient nuancer l‘efficacité et la simplicité des mécanismes de contrôle.

Références

(1)              Daily, C.M., Dalton, D.R. and Cannella, A.A. Jr (2003). Corporate governance: decades of dialogue and data, Academy of Management Review, Vol. 28 No. 3, pp. 371-82.
(2)            Jensen, M. &  Meckling, (1976),  Theory of the firm: managerial behavior, agency cost, and ownership structure,  Journal of Financial Economic, 1976, pp. 305-360.
(3)              Ghoshal, Sumantra. (2005). Bad management theories are destroying good management practices. Academy of Management Learning and Education, 4(1), 75-91.
(4)               Westphal, J.D. (1997), For Every Action, a reaction: How CEOs deal with the loss of power in CEO/Board Relationships, Academy of Management Proceedings.
(5)              Westphal, J.D. 1998. Board games: How CEOs adapt to increases in structural board independence from management. Administrative Science Quarterly, 43: 511-537.



 Pour aller plus loin:


vendredi 25 mai 2012

Une belle expérience de leadership pour mes étudiants de l'ESPEME

si le Leadership est bien la capacité à entraîner les autres en vue d'accomplir un projet collectif commun, alors l'équipe de Footogether constitue un bel exemple de leadership collectif mis au service d'une belle cause

Cette semaine, j'avais ainsi  le plaisir de participer au jury de soutenance de l'un des projets de première année que j'ai supervisé cette année : Footogether
Ce projet porté par une équipe de 5 étudiants de l'ESPEME avait pour objectif de récolter des maillots de joueurs pour les vendre aux enchères en ligne et reverser les fonds au Paris Foot gay qui soutient la lutte contre l'homophobie dans le foot.


mercredi 23 mai 2012

Rémunération des patrons français: quel rôle jouent le pouvoir et l'éthique du dirigeant ?

Les dirigeants français les mieux payés en 2011
Hier, avec mes deux collègues, Sabrina Chikh et Helen Bollaert, toutes deux professeurs de finance, nous avons lancé un nouveau projet de recherche pluridisciplinaire sur la rémunération des dirigeants français (SBF 250). 3 de mes étudiants (Adeline Feutry, Vincent Pocholle et Pierre-Emmanuel Fortune, tout 3 en filière apprentissage de l'EDHEC) se sont également portés volontaires pour participer au projet dans le cadre de leur thèse de fin d'étude.

L'objectif du projet est de mettre en lumière certains antécédents de la rémunération du dirigeant et notamment le rôle joué par deux facteurs organisationnels et comportementaux: le pouvoir dont dispose le dirigeant sur l'organisation et le leadership et l'éthique qui lui sont attribués par ses collaborateurs.

L'étude portera sur les dirigeants de sociétés cotées en France (SBF 250) et sur les années 2010-2011

Parmi les questions que nous souhaitons explorer:
  • Le fait de détenir un pouvoir important encourage t-il des rémunérations supérieures à la moyenne? A une structure particulière de rémunération (répartition fixe/variable; Stock options, etc)?
  • L'éthique du dirigeant pousse t-elle celui-ci à la modération en matière de rémunération?  A une structure particulière de rémunération (répartition fixe/variable; Stock options, etc) ?
Par le passé, beaucoup de travaux de recherche en finance et en stratégie ce sont intéressés à la rémunération des dirigeants. un petit nombre d'entre eux se sont penchés sur le cas français, et aucun n'a étudié le rôle joué par le leadership et le pouvoir du dirigeant...

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